Septembre

Mercredi 1er septembre
La journée est radieuse, aux limites du supportable. Comme tout bon méditerranéen qui se respecte, sieste ou lecture à l’ombre jusqu'à seize heures.
Nous rentrerons vendredi, et non dimanche, pour que chacun puisse effectuer ses tâches de rentrée.
Oublié de noter que mercredi de la semaine dernière, une tornade a fait d’importants dégâts au château d’Au : grosses branches arrachées, parc défiguré, tuiles à terre, toit de la cabane des chevaux envolé à une cinquantaine de mètres, selon les dires de Vanessa.
J’ai laissé un message sur le répondeur de Heïm proposant mon aide en cas de besoin. Heureusement, personne n’a été blessé et aucun arbre ne s’est abattu sur le château. L’élagage des arbres centenaires bordant la demeure pourra seul nous rassurer. L’histoire de ce site est marquée par quelques passages dévastateurs d’Eole.
Promenade avec Sandre sur le port-centre-ville de Sanary. Un marché en plein cagnard s’y tenait. Pas frais le poisson, cognante la charcuterie ; le bouquet n’était pas des plus fameux et le charme des jolies chairs bien galbées s’y faisait rare.
Dernière escroquerie mondiale qui parachève mon exécration des systèmes instaurés : le détournement de plusieurs dizaines de milliards de
francs alloués par le FMI à la Russie pour des enrichissements personnels, jusqu'à celui du clown Eltsine, et probablement avec le consentement des USA. Sans essayer d’entrer dans l’analyse fine et circonstanciée de ces bouseuses révélations, on peut déjà dégueuler un bon coup, à défaut de pouvoir agir.
Un attentat terroriste sur la place du Kremlin n’a malheureusement pas dévissé la trogne ivrogne du comique ponté.
Un trio français (astrophysicien, paléontologue et économiste) aurait trouvé la formule mathématique qui résume et peut prévoir l’évolution de toutes les espèces vivantes. Pour l’espèce humaine, le prochain changement brusque et significatif, qui détrônera l’homo sapiens sapiens, est prévu dans... huit cent mille ans. Connerie, violence et fric ont encore de longues et belles générations à conquérir...

Jeudi 2 septembre
Illustration du ventre mou de notre système : à Paris, via à la RATP, vient d’être ouvert un institut chargé d’apporter le soutien psychologique aux agents victimes d’agressions (au sens large). Par cette reconnaissance de l’inéluctable terreur banlieusarde on institutionnalise, en quelque sorte, la flopée de petits caïds. Et cela participerait à la marche évolutive du progrès social et politique ? Laissez moi gerber (une habitude chez moi...).
Certes, soutenir les conducteurs et machinistes choqués ou dépressifs n’est pas en soi une mauvaise chose, mais il me semble que la priorité réside dans l’ERADICATION des facteurs de merde. Pourquoi ne met-on pas tout en œuvre, en paraphrasant Pasqua, pour terroriser les petites frappes ? Des commandos spéciaux parviendraient très facilement à mettre hors d’état de nuire ces nuisibles.
Ça n’est pas possible politiquement, ça rappelle de mauvais souvenirs vont me rétorquer les bons samaritains de la déliquescence. Cette tolérance de l’inadmis­sible en fait des complices complaisants. Elle consiste à sodomiser les plus faibles en trouvant des circonstances atténuantes aux délinquants. Non et non ! Pas un homme politique qui aura les gonades pour anéantir ces zones de non-droit.
Dernier jour de plage et ce soir dîner au restaurant de la Tour à Sanary avec Sandre.
18h30 : bilan très positif de cette semaine de repos. Notre affection perdure même si l’amour n’a pas résisté. Une séparation exemplaire que la nôtre. Certains la jugeront suspecte... et pourtant rien de plus limpide dans notre rapport. Nous pourrions même, à l’extrême limite (ce qui n’est pas le cas) être amants occasionnels sans remettre en cause cette amitié affective qui nous unit.

Samedi 4 septembre
De retour à Lyon depuis hier début d’après-midi. Pas une fausse note avec Sandre durant le séjour. Notre départ a été salué par des trombes d’eau sur une partie du voyage.
A bientôt trente ans, je n’ai ni voiture ni permis. Singularité voire handicap à notre époque pour la quasi-totalité des gens, je n’en ai jamais souffert. Lorsque j’observe la transmutation des caractères au volant, cela me conforte à repousser l’apprentissage. Ces engins vous transforment le plus pacifique des hommes en tueur, la plus féminine des femmes en incongruité insultante. Pour ceux qui possèdent en eux l’agressivité en germe, l’amplification impressionne et dégoûte davantage de l’humanité.
J’écris ces lignes depuis un lieu sans voiture, le parc de la Tête d’Or, là où l’individu peut retrouver une certaine sérénité. Un cygne sur la berge du lac artificiel fait sa loi face à tout ce qui l’approche : chiens, enfants, adultes... une délicieuse teigne en somme.
Il me faut retrouver un rythme soutenu de travail face à ce qui m’attend à partir de lundi et pour avancer ma thèse.
Un banquier à malmener me ferait du bien. En particulier le P. de la Caisse d’épargne de V. Il fuit et n’a toujours pas fait débloquer le restant du prêt pour la SCI.
Je semble retrouver une certaine constance pour la tenue de ce carnet de bord. Espérons que je ne flancherais pas avec la rentrée. Rentrée littéraire pour certains, écriture dans l’ombre pour moi... à chacun son aune. De jeunes romancières touchent des à-valoir de cent cinquante mille francs pour leur prochaine ponte et moi je me morfonds dans l’inaccompli. Que diable, pas de morosité, tout s’ouvre si je sais m’y engouffrer. Maintenons ce lien essentiel avec la plume, multiplions les réflexions, les indignations, les abandons passagers pour mieux maîtriser l’art de transmettre l’essentialité d’une vie, même décevante.

Mercredi 8 septembre
Un Columbo de derrière les fagots avant de recevoir Catherine T.
Après la Turquie, c’est la Grèce qui a tremblé du fondement, avec moins d’entrain certes, mais quelques dizaines de morts tout de même. Encore une fois, sauveteurs turcs et grecs main dans la main pour retrouver des survivants
Au Timor, annexé par l’Indonésie depuis quelques décennies, comme notre ami Saddam eût voulu le faire avec le Koweït, les têtes bordent certaines routes au bout de piquets. Après avoir organisé le référendum
pour l’indépendance de ce territoire, l’ONU tortille ses graisses et se limite à quelques circonvolutions, incapable d’assurer la sécurité post-scrutin. Que les massacres continuent...
Ma rentrée avec les étudiants de pharmacie s’est bien déroulée. Une dominante féminine dans le petit groupe du stage de rentrée.
J’ai photocopié les correspondances qui me manquaient avec Sandre. Je vais pouvoir les intégrer à ce Journal. Pas loin de deux cents lettres de ma part.

Mardi 14 septembre
Sandre se fait opérer ce jour. Une tendre pensée pour elle dans l’espoir que tout se passe bien.
Trop de travail pour la préparation du stage de rentrée des médecines à l’institut Galien. Je ne peux vagabonder ici.
Pour la correspondance, un Manus VII est nécessaire.

Samedi 18 septembre
Ma nouvelle fournée d’étudiants en préparation des concours de médecine et de pharmacie semble d’une bonne facture. La reprise du travail d’enseignement à domicile et à l’institut Galien va renflouer mes caisses qui en ont bien besoin.
Hier soir, apéritif longue durée et pantagruélique chez Sandre pour ses trente ans, en compagnie de quelques amis, dont Jean-Philippe toujours aussi agréable et d’une très charmante Florence P., résidente du Domaine.
Après ces nombreuses dégustations, poursuite de la soirée avec une partie de groupe chez René, au All Sport Café : son affaire périclite inexorablement et le dépôt de bilan s’annonce pour la fin de l’année, à moins d’un miracle. Abandonné par son épouse, incompétent pour un métier qu’il adore, sa distraction néo-pascalienne tient dans la multiplication des sorties nocturnes, entraîné par une partie de son personnel bien plus jeune et frais de santé.
A ce sujet, découverte de deux antres de la nuit lyonnaise avec ce cher monsieur Royal et son compère René : Le 42 et le Flamenco Rock tenus par deux frérots par alliance, des beaufs en somme. Appréciations contradictoires suite à une montée misanthropique, comme j’en ai le secret, face à des crasses en col blanc ou coloré, m’as-tu-vu à prendre des claques et bousculeurs à étriper. Par malheur pour l’écriture de tripes dans laquelle j’excelle, ni plume ni papelard avec moi. J’ai donc ruminé sur le mode autarcique.
Avec ce beau samedi de fin d’été, le fondement calé sur un banc public de la Tête d’Or, la bienveillance pour l’humanité a refait surface.
Pour prolonger cette note positive, l’Algérie semble en passe de sortir de l’ère des égorgeurs islamiques. L’explication : les coups d’éclat de l’actuel président et sa Concorda plébiscitée à 99 % par référendum, avec une participation exemplaire (si j’était démocrate je jalouserais ce civisme pour nos vieilles démocraties). Alors, ce « de Gaulle algérien » comme l’a appelé mon analyste de politique internationale préféré dans le tube cathodique, l’impétueux Chritian Malar, du pipeau, du futur assassiné ou de la vraie graine d’homme d’Etat pour la renaissance algérienne ? Je ne m’essayerai pas à l’art des pythonisses.

Mercredi 29 septembre
Hier, vers 16 heures, certainement parmi les premiers acheteurs du CD de Sting, Brand New Day : une merveille délivrée, comme à son habitude. Conception musicale diversifiée, sons à la clarté enivrante, de multiples genres magnifiés. A thousand years, par sa tonalité profondément mélancolique dans les notes (moi et la langue anglaise ne nous fréquentons pas des masses) m’a particulièrement imprégné dès la première écoute, celle permettant normalement de s’acclimater à l’ambiance diffusée.
Première colle pour les pharmacies à achever pour demain : le résumé d’un texte de deux mille mots environ, extrait de l’ouvrage d’Edouard Zarifian, Des paradis plein la tête (chapitre IX, « L’idéologie scientifique ») ; comme sujet de dissertation, les propos véhéments de Lewis Wolpert, professeur de biologie appliquée à la médecine au University College London, pour qui j’ai une certaine sympathie intellectuelle (mais ça il ne faut pas le dire) : « - Et que pensez-vous de l’argument du respect de la dignité humaine ? [à propos du clonage humain] - Oh, s’il vous plaît, pas ça ! J’ai ce genre d’arguments en horreur ! Ne me servez pas de telles inepties ! Ce sont des âneries ! De quoi parlent-ils avec leur respect de la dignité ? Ils sont dégoûtés par ça, et leur seul argument c’est que tout être a droit à son propre code génétique ! Quand on leur demande « Pensez-vous que le code génétique détermine une personne ? » il répondent : « Bien sûr que non ! c’est l’environnement qui le détermine... » Je suis effrayé par la pauvreté du débat. »
Je les bichonne mes étudiants, non ?
Samedi soir dernier passé à Annecy en compagnie de Jean-Philippe, la belle black Angela, et le couple Faustin-Audrey (une grande blonde d’une esthétique de visage à s’écrouler raide). Je devais retrouver la gérante d’une crêperie au Garage (boîte de nuit) ; je l’avais abordée dans l’ambiance nocturne et musicale quatre mois avant. Pas les retrouvailles du siècle pour moi ! surtout en compagnie d’Angela et Audrey... elle fait pâle figure... Ce sera pour plus tard la découverte de la belle qui me fera fondre.

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