Juillet

Lundi 12 juillet
Les années filent et ma plume se pose de plus en plus rarement. Fainéantise de l’esprit, désintérêt pour la tenue d’un carnet de bord, je ne sais. Ce jour charnière devait toutefois figurer dans ce Journal délaissé.
Ma Sandre et moi, c’est fini. La décision n’a pas été prise sur un coup de tête mais longuement réfléchie au cours des mois de mon silence littéraire (depuis janvier 1999 pour les premiers signes). Nous étions devenus, sans avoir jamais été vraiment passionnés l’un pour l’autre, des amis affectifs. Nos rapports mutuels comportaient de grosses lacunes incomblables.
En quête d’un studio meublé, le hasard des annonces, après nombre de déceptions, m’ont fait tomber sous le
charme d’un nid sis rue Vauban dans le sixième arrondissement de Lyon (l’un des deux plus cotés de la ville), meublé avec, ce qui est une rareté, machine à laver ; exposition plein sud sans vis-à-vis (l’immeuble de quatre étage donne sur l’immense place de l’Europe).
Un intérieur bien agencé m’a permis de m’organiser un lieu de vie plutôt agréable, bien qu’un peu surchauffé.

Certes, à bientôt trente ans, je n’ai pas à m’enorgueillir de ce nouveau tournant, mais si mon penchant consiste à séduire et à multiplier les aventures pour mieux apprécier et faire fructifier ma solitude, alors laissons la nature.
Ce jour, donc, est le premier passé dans ce studio, les affaires rangées. Notre rapport restera, je l’espère, très amical avec Sandre. Un signe positif : notre voyage de presque quatre jours à Cassis (7-10 juillet) s’est déroulé très harmonieusement. Là encore, l’éloignement ne devrait laisser subsister que le meilleur de nos liens.
J’ai procédé au changement de siège social pour l’association Histoire locale que j’anime et qui vient de sortir son septième titre, A travers les rues de la Calade.
Shue [amie iranienne rencontrée à la BN en 1996], qui devait m’accueillir une semaine à Paris afin que je puisse effectuer des recherches (l’incendie dramatique de la bibliothèque de lettres de l’université Lyon III, avec la destruction de quelque 400 000 volumes, m’a atteint directement dans mon travail universitaire), ne le pourra malheureusement pas, car elle reçoit et surveille, à la demande de sa tante, plusieurs neveux.

Lundi 19 juillet
Revu à Paris, il y a quelques semaines, mon amie de lettres Karine V. Elle, si belle, si fine, est devenue anorexique, dépassant tout juste les quarante kilos pour plus d’un mètre soixante-dix. Terrible gâchis. J’ai tenté de la soutenir au mieux. Elle doit peut-être passer dans la région lyonnaise, puis à Roanne le week-end prochain. Nous nous sommes promis de nous voir.
Reçu un faire-part de mariage de ma plus ancienne amie (depuis la première du lycée Cergy Saint-Christophe en région parisienne) : Aline L. Elle doit s’unir le 23 septembre prochain aux Eyzies. Je ne pourrai malheureusement pas m’y rendre étant donné la difficulté pour faire en train Lyon-Les Eyzies (environ neuf heures de voyage avec deux changements, et passage à Paris). Infernale habitude en France de développer les réseaux de communication dans l’axe nord-sud et point l’est-ouest. A croire que l’on ne puisse que monter vers le froid ou descendre pour suer !!!
Je me sens très bien dans ce studio rue Vauban. Taille parfaite, idéalement placé (je suis à dix minutes à pied du magnifique parc de la Tête d’Or), juste un peu surchauffé en cette période ; un bon ventilo et c’est oublié...
Ma Sandre... heu disons plutôt Sandre maintenant, n’a pas trop le moral ces derniers temps. Des soucis de santé qui, je l’espère, ne cache rien de grave.
Lors du séjour de Sandre en Tunisie avec sa mère, j’avais sympathisé avec
une jeune femme du Domaine de Tassin. Ceci s’est ancré dans les meilleurs aspects, me permettant de jouir des très agréables infrastructures (piscine, tennis) de la résidence. Sandre est bien évidemment au courant et ne s’en est pas du tout offusquée.
Me voilà donc revenu au temps de la conquête et de l’éphémère. La séduction doit à nouveau s’exercer tous azimuts, en prenant bien soin de rester sélectif et attentif à ne pas blesser l’autre par mon choix de ne pas m’attacher dans une dualité exclusive. Florence, la jeune femme du Domaine, semble l’avoir bien accepté.
Ce soir, les trompettes médiatiques ont claironné sur la mort, par accident de l’avion qu’il pilotait, de J. F. Kennedy junior. Evidemment, la thèse d’une malédiction abattue sur cette famille, la plus célèbre des USA, s’est trouvée renforcée. Le petit bout d’chou qui
saluait la tombe de son père a voulu jouer au pilote arrimé alors qu’il n’avait qu’une licence de pilotage à vue. L’immodestie a été sanctionnée.
Il me faut relancer mon travail de thèse, sous peine de m’enliser dans l’irréalisable ad vitam...

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